mardi 26 juin 2012

À corps et à flots



Julien Geffroy, Léon Bonnaffé, Jeanne Cohendy, Stanislas Siwiorek, Hugues de la Salle et Malvina Morisseau dans Sur la Grand-route.
Photo : Anne Lezervant.


À corps et à flots.

Par Thomas Flagel.




Le collectif Notre Cairn, fédéré autour d’anciens élèves de l’École du TNS,
se lance dans une tournée estivale et fluviale à bord d’une péniche avec sa
première création, Sur la grand-route de Tchekhov.

Une première pierre lancée avec fougue.
L’acte fondateur d’une compagnie
revendiquant la notion de collectif
artistique depuis sa création. Sur la grandroute
est de ces contes sombres qui vous empoignent.
Dans la tave
rne dépeinte par Anton
Tchekhov, vagabonds, brigands et voyageurs
se réfugient d’un orage grondant au dehors.
Il y a là Bortsov, riche propriétaire terrien du
coin qui a bu toute sa fortune depuis le départ
de sa femme, un commis voyageur, un couple
de pèlerins de passage et Mérik, rodeur à tête
d’ours, empêcheur de siroter en rond. Dans
l’espace tout en longueur de leur péniche, un
mur blanc défraichi entoure comédiens et
spectateurs, renforçant le sentiment d’enfermement
de la pièce. « Nous jouons sur un
mètre cinquante de large et douze de long.
La proximité avec le public, que nous considérons
comme des réfugiés à nos côtés, est
incroyable », confie Charles Zévaco, metteur
en scène de ce premier projet se déployant
avec audace au fil des canaux et des rives du
Rhin.
Un premier jet en 2011 avait vu toute l’équipe
embarquer plusieurs semaines sur Adélaïde,
péniche-théâtre au plafond bas et au roulis
permanent, pour partager une étape de travail
et une vie commune à bord. La dizaine d’anciens
élèves* de l’École du Théâtre national
de Strasbourg composant Notre Cairn s’est
lancée, mue par « l’envie de faire entendre des
textes, de donner à voir des corps et d’aller
à la rencontre d’un public » à la manière du
théâtre populaire itinérant des “Cadets” du
TNS dans les années 1950. La nuit qu’ils proposent
de vivre avec eux (même si le spectacle
ne dure qu’1h25) nous plonge dans un état
de veille, entre chien et loup, au coeur d’un
squat-refuge rempli de marginaux arborant
des looks underground fait de récup’ et d’accumulation
de couches de frusques superposées.
On y a la descente facile, le spleen sévère,
l’envie d’en découdre pour un rien et celle de
se fuir soi-même. L’irruption de la responsable
des tourments de Bortsov précipitera
tout, les masques tombant et les âmes se révélant
dans tout leur éclat aux obscurs reflets.

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